Michel SARDOU

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Musulmanes

Le ciel est si bas sur les dunes 
Que l'on croirait toucher la lune 
Rien qu'en levant les bras. 
Comme un incendie sous la terre 
Les aurores ont brûlé les pierres, 
Blanchi les toits de Ghardaïa. 

Voilées pour ne pas être vues, 
Cernées d'un silence absolu, 
Vierges de pierre au corps de Diane, 
Les femmes ont pour leur lassitude 
Des jardins clos de solitude, 
Le long sanglot des musulmanes. 

C'est un cri, 
C'est un chant, 

C'est aussi le désert et le vent, 
Tout l'amour qu'elles ont dans le corps, 
La gloire des hommes le chant des morts, 
La joie de porter un enfant. 
C'est un cri, 
C'est un chant, 
C'est aussi la douleur et le sang, 
Toutes les fureurs qu'elles portent en elles, 
La peur des hommes, la peur du ciel, 
Et toutes les forêts du Liban. 

Elles sont debout sur champs de ruines, 
Sous le vent glacé des collines 
Que la nuit leur envoie. 
Pour elles, le temps s'est arrêté. 
C'est à  jamais l'éternité, 
Le crépuscule de Sanaa. 

Voilées pour ne pas être vues, 
J'envie ceux qui les ont connues, 
Vierges de pierre au corps de Diane. 
Hurlant dans le silence énorme, 
A l'heure où leurs amants s'endorment 
Le long sanglot des musulmanes. 

C'est un cri, 
C'est un chant, 
C'est aussi le désert et le vent, 
Tout l'amour qu'elles ont dans le corps, 
La gloire des hommes le chant des morts, 
La joie de porter un enfant. 

C'est un cri, 
C'est un chant, 
C'est aussi la douleur et le sang, 
Toutes les fureurs qu'elles portent en elles, 

La peur des hommes, la peur du ciel, 
Et toutes les forêts du Liban. 

C'est un cri, 
C'est un chant, 
C'est aussi la douleur et le sang, 
Toutes les fureurs qu'elles portent en elles, 
La peur des hommes, la peur du ciel, 
Et toutes les forêts du Liban